Biscotte est morte.
Biscotte, c’est elle :
C’est la dernière photo que j’ai d’elle sur mon téléphone.
C’est le premier chat qui a émerveillé ma vie.
Ca faisait des années que je suppliais mes parents d’en prendre un. Ma mère était prête à céder, mon père refusait. J’insistais quand même. Une entreprise perdue d’avance : mon père n’était pas vraiment le genre d’homme que sa fille fait changer d’avis.
Mais pas question d’abandonner.
Parce que j’adore les chats. Pas comme dans : “haha, ils sont mignons”. J’adore les chats comme : “AHHHHHHHHHHHHH tu as vu tu as vu ce chat EXISTE et il est ICI et il RESPIIIIIRE !!!!”. Je suis la personne qui s’arrête au milieu de la route et glapit de surexcitation idolâtre parce qu’un félin prend le soleil 10 mètres plus loin.
A la surprise générale, ma campagne de lobbying intensif a fini par payer. Quand j’avais déjà 17 ans, après un énième “on pourrait avoir un chat, steuplait steuplait steuplaiiiiit ???”, alors que je n’avais plus aucun espoir d’avoir gain de cause, mon père a enfin donné son feu vert.
Je n’en revenais pas.
De peur qu’il se ravise, je n’ai pas voulu perdre une seconde. Scanné Le Bon Coin à la recherche d’un chaton, sauté dans la voiture avec mon grand frère et son permis.
On est revenus avec Biscotte, un tout petit machin poilu et pas bien vif. Elle tenait dans la paume de ma main et dormait sur le bras de mon frère pendant qu’il révisait ses examens.
Aujourd’hui j’ai 34 ans et Biscotte est morte.
Je savais qu’elle était en train de se laisser mourir, ma mère avait essayé de me prévenir. J’espérais la voir une dernière fois.
Je me suis demandé quoi écrire.
J’ai pensé que je pourrais vous raconter mes meilleurs souvenirs,
ou bien parler de l’amour si particulier qu’on peut porter à des animaux qui ne font pas partie de l’espèce humaine,
peut-être expliquer que je suis consciente qu’avec la mort de Biscotte je pleure aussi la fin d’une certaine partie de ma vie,
ou encore disserter sur le fait que je me méfie autant des gens qui méprisent les animaux non-humains que de ceux qui les mettent sur un piédestal parce que dans les deux cas, on trace une ligne de démarcation bien nette entre eux et nous alors qu’on fait tous partie du même sacré bordel, qu’on le veuille ou non,
mais en fait, je crois qu’ici, aujourd’hui, il n’y a rien à dire.
Me reviennent les paroles d’une chanson presque oubliée :
“Quand est finie la ronde,
que les mains se desserrent,
il n'y a plus rien à répondre,
il n'y a plus rien à dire.”
Et voilà. Pour Biscotte et moi, est finie la ronde.
Je suis immensément triste.
Il n’y a rien d’intelligent à dire.
Biscotte est morte, et puis c’est tout.
Elle va me manquer.
Bon courage à toi Louise pour ce deuil, qui est d'autant plus difficile à porter que beaucoup de gens ne le trouve pas légitime ❤️❤️❤️
Merci pour ton partage. ♥