je suis comme vous

plus que quelques heures

Je suis comme vous.

Je vois l’extrême-droite gagner du terrain chaque jour et j’ai peur et je suis lasse et je ne comprends pas.

Je suis comme vous.

Je suis occupée, je suis fatiguée, assommée de mauvaises nouvelles qui viennent du monde entier et parfois aussi de mon entourage immédiat, c’est la vie et c’est comme ça.

Je suis comme vous.

J’ai un boulot salarié qui vide mon âme et remplit mon frigo, à côté je fais des trucs qui me donnent de la joie mais pas tellement d’argent, quand on additionne les deux ça rend une jolie somme d’épuisement.

Je suis comme vous.

Les milieux militants m’épuisent plus souvent qu’ils ne me donnent de l’élan, j’ai l’impression que la nuance cède le pas partout, je ne me sens pas représentée par un parti politique et j’essaie de me dire OK c’est pas grave, prends les moins pires, mais au fond ça me fait chier de devoir céder à des discours caricaturaux, je voudrais tellement pouvoir m’engager avec fierté au lieu de partir déjà un peu dépitée.

Je suis comme vous.

Je comprends que dalle au fonctionnement précis de l’Union européenne — alors que je l’ai étudié pendant des années et que je suis pas spécialement conne, ce qui me laisse penser que le truc est complètement vrillé.

Je suis comme vous.

Je regarde derrière mon écran de téléphone des personnes courageuses qui organisent des manifs et postent des tribunes, j’admire leur détermination tout en me sentant loin, loin d’elleux.

Je suis comme vous.

Là tout de suite ce dont j’ai vraiment envie, c’est pas de faire la révolution — c’est de me blottir contre mon chat, de fermer les yeux et peut-être aussi de pleurer un peu.

Je suis comme vous.

Je lutte avec la colère, le chagrin, le deuil d’un monde plus doux et la tentation de détourner le regard.

Je suis comme vous.

J’essaie de faire de mon mieux et, souvent, ça ne suffit pas.

Je suis comme vous.

Je suis comme vous.

Je suis comme vous.

Et j’ai envie de vous proposer des petits gestes politiques, rapides et nécessaires.

Pas parce que je sais quoi faire, que je suis la-bonne-militante-certifiée et que j’ai l’autorité morale de vous exhorter à vous engager.

Au contraire.

Parce que je suis comme vous, et que je sais que, parfois, on a besoin d’un petit coup de pouce amical pour ne pas s’enliser dans la résignation.

• vérifiez que vous êtes inscrit·e sur les listes électorales pour les élections européennes — attention, les inscriptions seront closes dans quelques heures donc faites-le tout de suite. Je déteste vraiment faire mes papiers, ça m’angoisse à la mort, et ce truc était réglé en 2 minutes montre en main. Pour l’instant les fachos sont en tête dans les sondages, essayons de limiter les dégâts.

• donnez de l’argent au FAST, un fonds qui vient en aide aux personnes transgenres qui en ont besoin. Si vous êtes hétérosexuel·le et que vous avez un peu d’argent, s’il vous plaît, donnez. J’ai l’impression que ce sont souvent uniquement des personnes LGBT qui financent les fonds LGBT, c’est beau d’un certain point de vue mais c’est chiant aussi, l’argent passe de poches peu pleines à d’autres poches encore moins remplies pendant que d’autres restent bien garnies.

  5 euros c’est déjà très bien. L’idéal, c’est un petit don récurrent qui ne vous met pas en difficulté et qui permet au fonds d’avoir de la visibilité sur son budget.

• continuez à vous informer et à parler du génocide en cours en Palestine. Le temps passe, l’horreur perdure, les mots finissent par manquer, je sais. Mais à chaque fois que vous prenez la parole (dans la vraie vie, sur les réseaux…) vous aidez votre entourage à prendre conscience de ce qui se passe et vous facilitez d’autres prises de position. On a beaucoup critiqué l’activisme performatif ces derniers temps, en oubliant que déplacer l’opinion publique c’est aussi un travail politique.

• Signez la pétition de l’association Toutes des femmes. L’objectif ? Un changement de sexe à l’état civil déjudiciarisé, libre et gratuit pour toutes les personnes trans. On se plaint énormément de l’engorgement des tribunaux en France et après on maintient des procédures longues et inutiles quand quelqu’un veut changer son prénom. C’est irrationnel, inefficace et discriminant.

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Aussi, il va y avoir plein de manifs en soutien aux droits des personnes trans, dans toute la France.

Je ne vais pas pouvoir y participer et je n’aime pas donner des conseils que je ne m’applique pas, mais si vous pouvez y aller, je ne peux que vous encourager à le faire. On en a besoin.

La liste des lieux de rassemblement est disponible ici.

Prenez soin de vous et continuez à faire de votre mieux.

A la semaine prochaine.