On est en janvier et j’ai 3 questions pour vous.
Pour les découvrir, écoutez l’amorce d’écriture d’introspective tout à la fin de ce message.
De mon côté, il y a un truc que j’ai envie d’annoncer…
C’est marrant, parce que rien ne m’oblige à le dire, mais j’ai l’intuition que c’est important que je l’écrive ici, que je l’assume publiquement, pour arrêter de lorgner sur l’eau bleutée de la piscine et sauter enfin à pieds joints.
(J’adore nager mais je sais pas plonger, alors j’entre toujours dans l’eau un peu n’importe comment.)
Allez, j’y vais :
En 2024, je voudrais parvenir à quitter le salariat.
J’aimerais réussir à vivre de ce que je fais de mieux, avec le plus de joie – écrire et encourager les autres à écrire.
Tout ce que je fais actuellement “à côté”, comme on dit, quoique tout mon cœur soit à l'intérieur.
Oui, parce que même si vous êtes de plus en plus nombreux·ses à me rémunérer correctement pour mon travail d’écriture (merci ❤️), pour l’instant, ce serait impensable de lâcher mon job alimentaire.
Je vais essayer de changer ça dans les prochains mois.
Voilà.
Magie de l’écran et de l’écrit : vous ne pouvez pas voir comme je rougis en écrivant ces quelques mots.
Si vous saviez comme je suis gênéééééeeeee.
J’ai l’impression d’avoir 15 ans, d'être une adolescente malhabile aux cheveux gras, et de dire ingénument devant toute la classe que je veux devenir star de cinéma.
J'ai peur de viser trop dur pour moi, de me planter dans les grandes largeurs, de devoir déclarer forfait...
J’ai peur d'être cringe. Ridicule.
J’ai peur d’en faire trop.
J’ai peur du petit sourire en coin.
Ce mauvais petit sourire moqueur que j’ai déjà souvent croisé – ou cru croiser ? – sur mon chemin.
J’ai examiné cette peur sous toutes ses facettes, dans l’espoir de la démolir, de la déconstruire, de finir par la trouver infondée. Je l’ai tournée et retournée, étudiée avec soin.
Cet examen minutieux n’a pas donné les résultats escomptés.
Au contraire : ce que j’ai fini par en conclure, c’est que cette crainte est absolument et entièrement légitime.
Le monde n’est pas toujours tendre avec les gens qui affirment leurs ambitions et leurs opinions.
Et quand vous êtes une femme, c’est douze fois pire.
Trois anecdotes pour l’illustrer :
Une amie très chère s’exprime souvent sur Insta, face caméra, pour parler de sa vision de la parentalité, des livres qu’elle a lus, de son quotidien. Ça peut vous intéresser ou vous rebuter, OK. En tout cas, c’est vraiment rien d'indécent ou d'extrême.
Certains de ses amis lui ont reproché de prendre la parole de cette façon. Ca les mettait mal à l'aise, il paraît. Mal à l’aise de quoi, précisément ?
Je lis la newsletter de Nina Ramen et elle raconte qu’elle a dû faire face à des proches qui insinuent que c’est nul de publier sur Linkedin, que les gens qui postent sur ce réseau sont “gênants”. Alors que ces personnes savent pertinemment que publier sur Linkedin, c’est littéralement une bonne partie de son travail.
Un travail qu’elle effectue par ailleurs avec brio et talent, elle est suivie par plus de 100 000 abonné·es là-bas. Gênante ou brillante ?
Cela fait quelques années que j’écris publiquement et je ne peux donc pas ignorer qu’il existe des gens dont le hobby consiste à vous faire savoir à quel point iels vous détestent, vous et vos opinions. Qu’iels viennent pourtant chercher : je ne crois pas être assez connue et puissante pour qu’on tombe sur mes textes à tout bout de champ sans faire exprès (hélas).
Le point commun entre ces trois histoires, c’est que quand tu es une personne sexisée et que tu prends la parole,
(même quand tu occupes juste un tout petit mini riquiqui coin d’internet…)
Il va y avoir des gens qui vont te faire sentir, ou te dire, que tu devrais fermer ta gueule.
En gros : quoi que vous disiez, ce sera toujours trop.
(Ça peut être “trop timide”, d’ailleurs. Fuck that. Si les personnes introverties se mettaient soudainement à s’épanouir quand on leur fait savoir qu’elles sont inadéquates, ça se saurait.)
Cette mauvaise nouvelle en cache une bonne, je trouve.
Bah oui : je me dis que, foutues pour foutues, on peut collectivement arrêter d’essayer de trouver la bonne façon de s’exprimer, en s’affirmant mais pas trop, en étant forte et douce et gentille et drôle et bienveillante et patiente et maline et prudente.
C’est perdu d’avance, en somme.
Alors autant assumer le too much, vous ne croyez pas ?
Je l’affirme donc haut et fort : ma perspective pour l'année à venir, pendant les 12 mois qui nous séparent de l'année 2025, c’est de :
continuer d'écrire sur tous les sujets qui m’animent, en essayant d’être aussi sincère, juste et utile que possible,
vous accompagner dans l'écriture, sur le plan introspectif et aussi sur le plan littéraire, pour transmettre les outils que j’ai découverts un à un et a grand-peine,
et tenter d’en vivre.
Est-ce que ça va marcher ? Je sais pas, on va voir.
Mais j’ai envie d'affirmer ça.
Et je vous proposerai tout bientôt un programme d'écriture introspective, en plusieurs ateliers, sur le thème :
….(avez-vous déjà deviné ?)...
“S’affirmer”.
Je vous en dirai plus dans les prochaines semaines.
En attendant, je vous propose de commencer l'année avec une petite amorce d'écriture, qui vous invite à explorer vos rêves, et les peurs qui les empêchent d’éclore.
Bonne écriture.
Et bonne année 2024, bien sûr.
Je nous souhaite de trouver le courage d'être exactement aussi risibles et ridicules que nos rêves l’exigent.
L’amorce d’écriture en format audio (je tiens la retranscription à disposition de toute personne qui en aurait besoin) :
P.-S. : Un atelier d’écriture de 3 heures se tiendra le vendredi 19 janvier de 11 heures à 14 heures. Je vous le dis tout de suite au cas où vous voudriez noter la date dans votre agenda.
J’en dirai plus sur le thème et j’ouvrirai les inscriptions dimanche, pour les personnes qui ont une souscription payante, et mardi prochain pour tout le monde.
P.-P.-S.: infinie tendresse pour les adolescentes malhabiles et disgracieuses, par ailleurs. Il y en a une qui loge pour toujours à l'intérieur de moi et je l’aime très fort, avec son féminisme bourgeonnant et son acné… eh bien, bourgeonnante également.
P.-P.-P.-S. : je co-organise une fête queer à Berlin. Ça va être bieeeeen ! Et ça se tiendra ce vendredi 12 janvier, au Lark. Il reste une poignée de préventes. Suivez le compte instagram @tfd.berlin si ça vous intéresse :)
Super! Merci de partager ce projet carrément génial avec nous. Coudes à coudes, on va bien y arriver!?! Moi aussi je me mets à mon compte cette année avec tous les doutes et les espoirs qui vont avec 💪🏻🔥🙌🏻💜
Oui ! J’ai sauté le pas lundi. Je quitte le salariat et je m’envole seule.