Le fascisme est là.
Selon notre position dans la société, selon le degré auquel on adhère aux normes dominantes, on peut le sentir un peu, beaucoup, ou quasiment pas.
Les récits des livres d’histoire nous ont mal préparé·es à son avènement.
On visualise de terrifiantes armées qui fracassent tout sur leur passage alors que le fascisme arrive de façon insidieuse, pernicieuse, presque doucereuse.
Vous avez déjà pris un somnifère ?
Au départ tout est normal, et puis le monde se fait de plus en plus flou, et puis vous dormez sans savoir que vous vous êtes endormi·e, d’un sommeil qui ne vous apportera aucun repos.
Le fascisme, pour moi, c’est ça.
Aussi longtemps que vous ne résistez pas à la pilule qu’une main apparemment bien intentionnée vous fourre dans le gosier, aussi longtemps que vous l’avalez sans lutter et que vous détournez le regard quand votre voisine disparaît, il n’y a pas de violence — pas de violence à votre encontre du moins, et pas de douleur vive.
Juste l’amertume qui croît.
Le fascisme est là et en tant que personne engagée, je n’ai pas d’autre choix que de me demander avec le plus d’honnêteté possible :
que puis-je faire ?
quel rôle est-ce que je me sens capable de jouer, à ma modeste échelle, dans ce foutu merdier ?
En particulier, puisque je me suis choisi le métier d’écrire :
quels mots restent-ils justes ? quelle parole est nécessaire ?
Je pense au slogan d’Act Up : silence = mort.
Je ne veux pas me taire.
Mais ce serait trop facile de croire que toute parole vaut résistance.
Car je pense aussi à la vacuité du babillage incessant auquel nous encouragent les réseaux sociaux, et à l’insoutenable légèreté des rencontres et des tables rondes “féministes” qui ne parlent jamais d’autres choses que des conditions de vie des femmes blanches cisgenres hétérosexuelles de classe supérieure, y compris quand nos sœurs se font massacrer.
Il y a des discours qui masquent, avec une habileté variable, des silences abyssaux.
Il faut trouver et tenir le chemin de crête entre la résignation silencieuse et le bavardage fébrile.
Personnellement, les très longues analyses qui m’expliquent à l’infini à quel point tout est foutu, ça ne m’aide pas beaucoup. Et en même temps, il y a des limites au fameux “oh mais on a besoin de se changer les idées et de scroller des GIFs de chat pendant des heures en s’enterrant soigneusement la tête dans le sable”.
Je me suis dit que : je veux contribuer à allumer des petites flammes d’espoir et de résistance.
Au moins une, au moins de temps en temps.
Alors j’entame une série sur les façons de résister au fascisme et au désespoir.
Il y aura à la fois des réflexions existentielles et des textes beaucoup plus pragmatiques, parce que je crois que cultiver la vie, se faufiler entre les gouttes du cynisme, exige de savoir faire les deux.
On parlera de pleins de trucs :
comment ne pas devenir folle dans l’écart croissant entre les exigences du quotidien “business as usual” et la certitude d’un effondrement civilisationnel,
des trucs à avoir chez soi pour ne pas être trop dans la mouise en cas de gros pépin (pas de stocks de papier toilette, je vous rassure),
des ajustements à faire sur notre utilisation des réseaux sociaux et des applications de messagerie,
du rôle que peut jouer la spiritualité dans la résistance — ne partez pas en courant, les copaines athéistes militant·es,
et, mon sujet favori je crois : du moyen le plus rapide et le plus direct de saper les fondements du capitalisme (oui, même si vous possédez un Iphone, même si vous avez déjà utilisé Amazon).
Je m’appuierai beaucoup sur ce que j’ai lu ailleurs : la résistance joyeuse et lucide, c’est un chemin qui ne peut être tracé qu’à plusieurs.
Je vous proposerai d’autres auteurs et d’autres autrices, y compris des perspectives qui ne sont pas totalement alignées avec la mienne. Plus le temps passe et moins l’orthodoxie m’intéresse, quelle que soit sa prétention à la radicalité.
Si le sujet vous intrigue ou vous intéresse, je vous invite à prendre une souscription payante.
Déjà parce que vous aurez accès à tous les articles.
Mais aussi et surtout que soutenir des auteur·ices indépendant·es me paraît plus important que jamais.
Une personne qui s’est récemment abonnée le dit mieux que moi : “J'ai décidé de soutenir ton travail car il est qualitatif, très différent de ce que je peux lire sur des médias plus "mainstream" et j'apprécie le format, qui contrairement à Instagram, me permet de prendre le temps. Tes articles m'ont donné envie d'écrire à nouveau, de remettre en cause certains schémas de pensée et de m'ouvrir plus à l'idée d'associer création et réflexion féministe”.
Ca vous parle ? Rejoignez-nous, ça prend 3 minutes.
J’ai beaucoup de gratitude envers les nombreuses personnes qui sont déjà engagées à mes côtés.
Britney le chat et moi, on vous dit un grand merci.
D’ailleurs, pour les abonné·es premium : vous vous souvenez de l’atelier d’écriture qui se tiendra demain, mercredi 12 mars, 12h30-13h30 ?
On écrira autour du format très riche et malléable de la lettre.
Ca va être si bien ! Une petite bulle de douceur et de joie.
Pas besoin d’inscription préalable, je vous envoie le lien Zoom demain matin et vous vous connectez à l’heure dite. A vite.
Si vous êtes allergique au concept d’abonnement, vous pouvez aussi prendre votre place pour l’atelier à l’unité.
Et j'ajoute une proposition qui croisera peut-être les tiennes, dédiée aux campagnards comme moi : https://www.instagram.com/p/DGng4NvP__9/?igsh=MXQ0ZWQ1MW9vMjB2ZA==
Merci pour ta démarche 🙏🏼🤩
J'ai très très hâte de lire la suite !!!!
Et j'ai fait suivre ce premier texte à quelques contacts.