Ah oui bcp. Que ce soit dans mes process d’écriture ou dans les ateliers, la question de l’impudeur (et donc de l’indignité) revient, aussi, constamment. C’est passionnant de se dire que c’est naturel quand on aborde des sujets jamais (ou très peu) racontés
Hyper intéressant, comme toujours, merci Louise. Quand j'ai lu le titre de cette newsletter, j'ai cru que ça allait parler de complètement autre chose : le fait que parler de notre intimité et de nos pensées et de nos angoisses peut être indécent par rapport à ce que vivent d'autres gens. Moi c'est de cette indécence dont j'ai le plus peur : mon écriture intime pourrait difficilement être publiée, car je parle de ma peur de l'avenir, du basculement que j'ai l'impression d'être en train de vivre, et je sais que cette impression de basculement est liée à ma condition de femme blanche privilégiée par plein d'aspects, qui m'ont permis de vivre très confortablement pendant plein d'années, et d'avoir peur seulement maintenant alors que j'aurais aimé me rendre compte plus tôt de ce que vivaient plein de gens écrasés par le poids de domination que je ne connais pas. Je l'ai écrit, ici, pour le test, et je trouve ça grotesque ahah ! Comme si j'essayais de me justifier et de prouver quand même que j'étais une bonne personne pas complètement égocentrique et déconnectée. Indécente quoi ! Je trouve que toi tu arrives bien à trouver ce juste milieu dans tes lettres, mais c'est pas facile.
intéressant Sophie, merci pour ton commentaire. Je ne pense pas que ce soit indécent de parler de son intimité quand elle est privilégiée. De toute façon, les personnes vraiment au fond du seau n’ont tout simplement pas le temps ni la possibilité de disserter sur leurs états d’âme : toute parole artistique et publique parle depuis une forme de privilège, même précaire, même récent. et dans ce que tu dis ici moi je ne vois aucune indécence. ce que je trouve important, c’est de situer son regard, ce que tu fais, d’avoir conscience que la fin de ton monde n’est pas la fin du monde.
Oui, il y a des mots que je ne peux pas écrire, ne peux pas faire lire. Ces mots, maux, restent coincés dans ma tête et mon corps. L'écriture même fictive parle de nous dans la perception que nous avons du monde, dans la façon de traduire celle-ci dans notre imaginaire, induite par notre vécu.
Peut-être que ce serait intéressant de les écrire juste pour toi, juste pour voir ? Mais tu as raison de procéder avec prudence. Il ne faut pas se mettre en danger dans l’écriture.
Merci pour ces mots justes. Très dur d'en parler sans penser à qui on va offenser. Il me reste 20min avant d'appeler mon père pour notre course du soir et je trouve ça très cool de pas savoir si je me leve ou si je reste a écrire. Ça fait déjà un moment que j'écris et efface ce commentaire. Ça m'amuse de pas savoir comment aller a mon lieu de rendez vous a l'heure attendue. Et en même temps ça me stresse de savoir que c'est 98% sur que il doive venir me chercher et que je lui laisse pas le choix. Ça passe ou ça casse il est pas au courant. Ce qui est moins sûr c'est ce que je vais manger ce soir et ça c'est marrant. Moins marrant le truc de quand j'ai diné et que je me sens comme contrainte mentalement. Je pourrais écrire tout un tas de choses insensées à cette heure, dans un bar et pour sûr je serais mieux mais bon. Je sors pas souvent seule au bar, et je trouve ça nul de pas me mettre dans ce moment de défi juste parceque la bière est moins dans mes habitudes que le café. Et du coup bien obligée je prendrai un café tardif comme ça je pourrai sortir et écrire comme j'aime. Ce n'est pas impossible que je fasse ça.
Tellement passionnant et juste : que dire nos endroits de silence soit forcément des lieux d’indignité. Merci merci merci !
merci Lucille, très heureuse que ça résonne chez toi :)
Ah oui bcp. Que ce soit dans mes process d’écriture ou dans les ateliers, la question de l’impudeur (et donc de l’indignité) revient, aussi, constamment. C’est passionnant de se dire que c’est naturel quand on aborde des sujets jamais (ou très peu) racontés
Hyper intéressant, comme toujours, merci Louise. Quand j'ai lu le titre de cette newsletter, j'ai cru que ça allait parler de complètement autre chose : le fait que parler de notre intimité et de nos pensées et de nos angoisses peut être indécent par rapport à ce que vivent d'autres gens. Moi c'est de cette indécence dont j'ai le plus peur : mon écriture intime pourrait difficilement être publiée, car je parle de ma peur de l'avenir, du basculement que j'ai l'impression d'être en train de vivre, et je sais que cette impression de basculement est liée à ma condition de femme blanche privilégiée par plein d'aspects, qui m'ont permis de vivre très confortablement pendant plein d'années, et d'avoir peur seulement maintenant alors que j'aurais aimé me rendre compte plus tôt de ce que vivaient plein de gens écrasés par le poids de domination que je ne connais pas. Je l'ai écrit, ici, pour le test, et je trouve ça grotesque ahah ! Comme si j'essayais de me justifier et de prouver quand même que j'étais une bonne personne pas complètement égocentrique et déconnectée. Indécente quoi ! Je trouve que toi tu arrives bien à trouver ce juste milieu dans tes lettres, mais c'est pas facile.
intéressant Sophie, merci pour ton commentaire. Je ne pense pas que ce soit indécent de parler de son intimité quand elle est privilégiée. De toute façon, les personnes vraiment au fond du seau n’ont tout simplement pas le temps ni la possibilité de disserter sur leurs états d’âme : toute parole artistique et publique parle depuis une forme de privilège, même précaire, même récent. et dans ce que tu dis ici moi je ne vois aucune indécence. ce que je trouve important, c’est de situer son regard, ce que tu fais, d’avoir conscience que la fin de ton monde n’est pas la fin du monde.
Oui, il y a des mots que je ne peux pas écrire, ne peux pas faire lire. Ces mots, maux, restent coincés dans ma tête et mon corps. L'écriture même fictive parle de nous dans la perception que nous avons du monde, dans la façon de traduire celle-ci dans notre imaginaire, induite par notre vécu.
Peut-être que ce serait intéressant de les écrire juste pour toi, juste pour voir ? Mais tu as raison de procéder avec prudence. Il ne faut pas se mettre en danger dans l’écriture.
Merci pour ces mots justes. Très dur d'en parler sans penser à qui on va offenser. Il me reste 20min avant d'appeler mon père pour notre course du soir et je trouve ça très cool de pas savoir si je me leve ou si je reste a écrire. Ça fait déjà un moment que j'écris et efface ce commentaire. Ça m'amuse de pas savoir comment aller a mon lieu de rendez vous a l'heure attendue. Et en même temps ça me stresse de savoir que c'est 98% sur que il doive venir me chercher et que je lui laisse pas le choix. Ça passe ou ça casse il est pas au courant. Ce qui est moins sûr c'est ce que je vais manger ce soir et ça c'est marrant. Moins marrant le truc de quand j'ai diné et que je me sens comme contrainte mentalement. Je pourrais écrire tout un tas de choses insensées à cette heure, dans un bar et pour sûr je serais mieux mais bon. Je sors pas souvent seule au bar, et je trouve ça nul de pas me mettre dans ce moment de défi juste parceque la bière est moins dans mes habitudes que le café. Et du coup bien obligée je prendrai un café tardif comme ça je pourrai sortir et écrire comme j'aime. Ce n'est pas impossible que je fasse ça.