Je vous écris depuis la table du salon, entourée d’une pile de mouchoirs — salut, vilain rhume post-Noël —, d’une tasse de café au lait vide, bon OK, de trois tasses de café vides, et d’un calendrier de l’Avent envoyé par ma maman et qu’on finit peu à peu en regardant, chaque soir, un morceau du Seigneur des Anneaux. Le chat posté à la fenêtre fait de petits bruits chelous, oreilles aplaties, yeux rivés sur le pigeon qui se pavane de l’autre côté de la vitre, l’air de le narguer : “et ouaiiiis, tu peux pas m’attrapeeeer”.
J’ai passé les derniers jours à me traîner du canapé au lit et du lit au canapé et mes idées sont toutes embrouillées, mais je ne voulais pas finir 2024 sans vous faire un petit salut amical.
Cette année j’ai quitté le salariat, dit adieu à un chat, rencontré un autre chat, participé à une campagne téléphonique pour les législatives, laissé pousser mes cheveux, observé un génocide à travers la petite fenêtre sinistre de mon smartphone, signé la traduction en allemand de Devenir lesbienne, enragé à chaque prise de parole de Macron, fait la fête et affiné ma recette de kladdkaka (prononcer : kladekoka).
Et vous ? En quelques mots, qu’est-ce qui vous revient de votre vie quotidienne pendant les 12 mois écoulés ?
(Je ne dis pas que c’est une proposition d’écriture, mais si vous voulez prendre 10 minutes pour rédiger une liste du même genre...)
Je voulais aussi vous prévenir que 2025 sera pour moi l’année de la vulnérabilité, je le sens, ce mot m’accompagne partout tout le temps, et je crois que ça se verra dans cette newsletter.
Pas de trauma-porn ou de déballage indiscriminé de mon intimité — ça, c’est pas forcément intéressant pour vous et c’est très dangereux pour moi. J’apprends à garder mes propres secrets comme je le ferais pour une amie. Pas par honte, mais par respect.
Alors… comment dire ?
Je crois que j’ai beaucoup utilisé l’écriture pour me protéger. Remettre de l’ordre dans un monde qui m’échappe. Utiliser mon aisance analytique pour décortiquer, déconstruire, détailler, comme on pourrait démonter le mécanisme d’une montre.
Je travaille sur mon prochain roman et j’essaie en ce moment d’approcher l’écriture à partir d’un autre lieu, plus doux, plus dangereux aussi : celui de la douceur, de la tendresse, de la vulnérabilité. Ne pas essayer de circonscrire tout ce qui m’échappe ou me blesse ou me ravit, mais lui faire de la place. Parler d’amour, de ce qui me fait rire, de ce qui me donne envie de me lever le matin, avec des mots simples, en me souciant moins de donner prise à la critique ou au malentendu.
Ce n’est pas facile, ni confortable, parce que ce sont des territoires où je m’enlise beaucoup plus vite dans la peur du ridicule. La crainte d’être une nouvelle fois mise de côté, pointée du doigt comme différente ou inappropriée.
Mais… on s’apprivoise peu à peu, elle et moi. Le ridicule ne tue pas, c’est même le contraire je crois.
Bon, pas sûre d’avoir été très claire cette fois mais vous savez quoi ? Le flou, ça fait partie de notre nouveau contrat.
Boileau qui pérorait crânement que “Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, / Et les mots pour le dire arrivent aisément” se fourrait le doigt dans l’œil : pour écrire vrai, parfois on doit avancer à tâtons.
Je vous souhaite de glisser dans l’année 2025 avec autant de joie que possible.
A l’année prochaine, les copain.es !
(Je me lasserai jamais de cette blague, c’est comme ça.)
Vive la vulnérabilité mais attention aux narcissiques ☺️✊🏻💜
Cette année j’ai enfin eu la sensation que j’allais bien.