Avant d’entrer dans le vif du sujet, un petit mot : le premier tour des élections législatives se tiendra ce dimanche.
Je voterai pour le Nouveau Front Populaire.
Et je vous demande de faire de même.
Si vous ne le faites pas par conviction, faites-le pour moi.
Les débats autour des législatives ont été très durs à avaler pour moi.
Parce que j’ai bien senti que pour beaucoup de proches et moins proches, on pouvait discuter du RN comme de n’importe quel autre sujet de société. On pouvait évoquer les stratégies macronistes pour se faire réélire à un dîner entre amis, comme ça, avec verve et un brin d’inconséquence, dans un concours inavoué de la meilleure analyse politique.
Pour moi, l’extrême-droite, ce n’est pas seulement et ce n’est pas d’abord un objet de débat.
Pour moi, c’est un danger immédiat. Palpable. Physique. Une peur au creux du ventre.
Parce qu’en tant que lesbienne, avec l’extrême-droite au pouvoir, la crainte diffuse de me faire casser la gueule dans la rue quand je tiens la main de la personne que j’aime se transformera en certitude de perdre nos droits… et de me faire taper par-dessus le marché.
Ca fait beaucoup, je pense que vous en conviendrez.
Si vous êtes tenté·e par le vote macroniste : regardez attentivement ce qui se passe depuis 2017. Les politiques mises en œuvre. Les tactiques électorales. Le parti présidentiel nous protège-t-il de l’extrême-droite ? ou bien lui déroule-t-il le tapis rouge, en lui empruntant ses idées, pour mieux se draper dans son rôle (fictif) de défenseur des libertés ?
Allez voter pour le Nouveau Front Populaire. S’il vous plaît.
Dernière chose : faire une procu, ça prend littéralement 5 minutes en ligne et 5 minutes pour valider son identité.
Je suis de la team “je déteste les documents administratifs” et c’était vraiment indolore. Promis.
Sérieux.
Faites-le.
Et maintenant, place à l’article du jour.
✨ Une histoire dont vous êtes l’héroïne ✨
Vous n’avez pas envie d’utiliser chatGPT.
Vraiment pas.
Vous avez la flemme, pas le temps, et puis surtout vous n’en voyez pas bien l’utilité. En plus, c’est un outil qui vous pose des difficultés éthiques : sécurité des données, coût énergétique, respect des artistes…
Mais tout le monde vous en rebat les oreilles, encore et encore, surtout cet·te ami·e hyper enthousiaste qui vous inflige à répétition des mini-TED talks sur le sujet.
Vient le jour où vous devez effectuer une tâche avec laquelle vous n’êtes vraiment pas très à l’aise. (Ecrire un discours ? Préparer un rapport stratégique ? Constituer un dossier administratif ? Planifier un voyage compliqué ?)
Alors, vous finissez par craquer.
Vous demandez à chatGPT de vous aider.
Et là…
La réponse du modèle est médiocre.
Franchement pas beaucoup mieux que ce que vous auriez fait tout·e seul·e.
D’un côté, vous êtes déçu·e.
De l’autre, un certain soulagement point en vous : vous le saviez bien, vous, que ce truc n’avait pas d’intérêt !
Vous vous promettez de ne plus y remettre les pieds.
Mais c’est alors qu’une meuf dont vous lisez la newsletter de temps en temps débarque.
Elle affirme que le souci, c’est que vous ne vous servez pas forcément très bien de cet outil.
Et vous propose 8 astuces pour mieux prompter.
Que faites-vous ?
Réponse 1 : Mmmmouais. Non. Je veux plus entendre parler de ce machin !
Je décide d’arrêter ma lecture et de retourner caresser mon chat.
→ Cliquez ici.
Réponse 2 : Ma curiosité est piquée. Je décide de lire l’article (mais je garde un sourcil haussé et sceptique).
→ Continuez de lire.
Vous êtes encore là ?!
Vous avez donc choisi la réponse 2.
YOUPI.
Sérieusement : il y a de petites astuces à connaître pour que les large language models comme Claude ou chatGPT vous soient utiles. Ça peut faire toute la différence entre une utilisation qui vous fait perdre du temps (et réveille votre côté grognon), ou un usage agréable et surtout fécond.
La super nouvelle, c’est qu’il n’y a rien de compliqué là-dedans.
Sans plus attendre :
1. Commencer et finir la tâche en dehors de chatGPT
Je l’ai déjà dit la semaine dernière mais je le répète parce que c’est important : chatGPT n’est pas un·e génie qui va produire des textes de grande valeur.
Il s’agit juste un modèle probabiliste, dont l’objectif est de prolonger un texte donné (votre “prompt”, ce que vous écrivez) par une réponse estimée “probablement pertinente”.
C’est tout.
Ce qui veut dire que quelle que soit la tâche que vous lui confiez, vous ne pouvez pas faire l’économie de votre propre réflexion sur le sujet, en amont et en aval du travail avec chatGPT.
Imaginez que chatGPT, c’est une perceuse. Une perceuse, c’est fort pratique pour percer des trous. Mais ça ne va pas vous dire où placer vos étagères, ni à quelle distance les espacer, ni quel genre de déco installer dessus.
Les IA génératives, c’est pareil. Ça génère du contenu à partir de vos instructions. Mais ça ne peut pas deviner quel est le contenu à générer.
Bref : pour les éclairs d’intelligence, les idées originales et brillantes, c’est chez vous que ça se passe.
2. Donnez des précisions sur le contexte : l’audience, le but visé, la structure de la réponse, le style de la réponse, un exemple à imiter
Comme on vient de le voir, chatGPT et tous les modèles du même genre essaient de vous proposer une réponse “probablement pertinente”.
Si vous leur posez une question très brève, les modèles répondront donc un truc “statistiquement” consensuel : une réponse tiède, celle que le modèle estime le moins susceptible de déplaire.
Une sorte de moyenne de leurs données d’entraînement.
Par exemple, chez chatGPT, le ton de base, la réponse “tiède”, c’est un·e Américain·e exalté·e qui utilise beaucoup trop de superlatifs et essaie de vous vendre des trucs, sans doute parce que ses données d’entraînement contenaient beaucoup de textes écrits par des personnes avec ce profil.
Pour que le modèle s’oriente dans la direction qui vous intéresse vraiment, sur la forme et sur le fond, il faut lui fournir des éléments de contexte qui vont le faire décoller de cette réponse “moyenne”.
Par contexte, j’entends : n’importe quoi qui précise la situation d’énonciation. Qui parle ? A qui ? Dans quel but ? Quand ? Sur quel ton ? Quels sont les mots à éviter ?
Imaginez que vous prépariez un discours. Ne dites pas seulement à chatGPT "écris un discours", mais dites-lui pour qui vous l'écrivez, quel est le message principal, le ton, donnez-lui un discours qui vous plaît…
3. Ne repartez pas de zéro à chaque fois
Donner du contexte, ça prend du temps.
La bonne nouvelle, c’est qu’au sein d’un fil de conversation donné, l’IA apprend de vos réponses pour s’ajuster à vos attentes.
Si vous avez des tâches récurrentes qui se ressemblent (par exemple : écrire des lettres de motivation pour des offres d’emploi dans le même secteur), surtout, ne recommencez PAS une conversation à chaque fois, pour chaque nouvelle lettre.
Vous avez intérêt d’utiliser une seule conversation pour toutes ces lettres, parce que le modèle va pouvoir utiliser tout le contexte qui lui est fourni pour vous proposer des lettres de motivation de plus en plus proches de vos besoins.
C’est un peu comme si vous discutiez avec un “mini-modèle” personnalisé et éduqué sur la base de ce que vous lui avez raconté jusqu’ici.
4. Prévoyez plusieurs allers-retours avec chatGPT
Une fois que chatGPT vous a répondu, prenez un moment pour évaluer ce qu'iel a produit et utilisez sa réponse pour affiner votre demande, dans la même conversation (cf. le point précédent).
C’est un outil itératif : plusieurs allers-retours sont nécessaires pour obtenir une réponse vraiment qualitative.
5. Assignez un rôle et des compétences précises à chatGPT
Il s’agit toujours de donner du contexte, mais c’est une façon un peu spéciale d’y parvenir : assignez au modèle un rôle précis, en utilisant du vocabulaire spécialisé.
Par exemple, vous n’obtiendrez pas du tout la même réponse selon que vous demandez :
“Quelles sont les principaux éléments que je dois avoir en tête avant d’organiser une manifestation ?”
“tu es une experte en gestion et en planification budgétaire. Quels sont les principaux éléments que je dois avoir en tête avant d’organiser une manifestation ?”
“tu es une experte des droits des personnes manifestantes en France, notamment en cas d’arrestation par la police. Quels sont les principaux éléments que je dois avoir en tête avant d’organiser une manifestation ?”
Le fait de préciser les compétences que vous attendez de chatGPT ne le rend pas magiquement “plus malin·e”, mais oriente sa réponse dans un domaine précis, et évite le gloubi-boulga naze que le modèle fournit en cas d’incertitude sur la direction que vous voulez prendre.
6. Utiliser l’entretien inversé : chatGPT vous pose des questions
C’est peut-être mon astuce préférée.
Elle est suuuuper puissante.
Parce qu’elle permet de contourner une des grosses difficultés que présente le fait de donner du contexte aux intelligences artificielles génératives, à savoir : on ne sait soi-même pas très bien toujours en quoi consiste ce contexte, et on peut facilement oublier des éléments importants.
Vous pouvez éviter ce souci en demandant au modèle de vous poser des questions qu’iel conçoit lui-même, par exemple :
“Je veux rédiger un discours. Pose-moi des questions te permettant de recueillir toutes les informations dont tu as besoin pour rédiger le discours le plus proche possible de mes attentes. Pose-moi une question à la fois et attends ma réponse avant de poser la question suivante”.
(La dernière phrase est nécessaire pour ne pas se retrouver avec une liste de 15 questions d’un coup.)
Ce que je trouve hyper intéressant avec cette approche, c’est qu’elle vous permet de combler vos “angles morts”, puisque c’est le modèle qui va aller chercher les informations dont iel a besoin, et pas vous qui devez penser à tout de façon autonome.
7. Demander à chatGPT d’améliorer votre question
Tout bête, tout simple et diablement efficace : commencez par écrire ce que vous avez en tête, puis demandez au modèle comment vous pourriez améliorer cette question pour obtenir de meilleurs résultats.
8. Proposer un pourboire ou un cadeau à chatGPT
(Bon. J’avoue qu’on se rapproche d’un scénario Black Mirror.)
Quand vous formulez une demande à une IA générative, le fait de promettre une récompense (un pourboire, un cadeau, votre reconnaissance éternelle…) améliore la qualité des réponses.
Bien sûr, vous ne pouvez pas vraiment donner un pourboire à une IA.
Mais dans ses données d’entraînement, l’IA a probablement remarqué ce pattern conversationnel : récompense = meilleure réponse. Et elle le reproduit.
Alors, après avoir lu tout ça, que faites-vous ?
Réponse 1 : oooh, ça m’a cassé la tête ces affaires. Je vais me préparer des crêpes.
—> Cliquez ici.
Réponse 2 : y a un truc qui est pas clair pour moi, j’ai une question.
—> Dites-moi en commentaire, je vous réponds.
Réponse 3 : j’ai envie de tester ces astuces. Je m’en vais de ce pas les mettre en application.
—> Amusez-vous bien ! Et ouvrez l’œil, la semaine prochaine, pour des recommandations croustillantes sur le sujet des IA.
Ce post fait partie d’une série sur l’intelligence artificielle.
On a décortiqué ensemble :
les risques réels de chatGPT et consorts — ce ne sont pas ceux dont on entend parler partout ;
quelles sont les tâches qu’on peut confier aux intelligences artificielles génératives et celles, au contraire, à garder pour soi ? ;
et on finira avec des recommandations pour aller plus loin sur le sujet. Comme d’hab, pas de gros pavés indigestes rédigés par des mecs très contents d’étaler leur technicité, mais une sélection de livres, films, podcasts accessibles et plaisants.
Le sujet vous intéresse ?
Je vous invite à souscrire un abonnement payant pour ne rien rater et soutenir mon travail, sur ce sujet rarement traité sous un angle féministe et engagé.
A la semaine prochaine.
Bonjour Louise ! J'ai toujours du mal à comprendre comment on fait pour utiliser une IA générative quand on connaît les " difficultés éthiques ". Tu mentionnes le coût énergétique environnemental mais pas le coût humain : il y a des gens exploités pour entraîner cette technologie, des travailleurs et travailleuses du clic aux conditions de vie indécentes qui nous permettent ensuite de faire joujou avec un outil même pas si performant que ça. Mon but n'est pas de culpabiliser, mais vraiment de comprendre, car pour moi c'est hyper incompatible avec ton début de message. Perso, j'ai autant une boule au creux du ventre quand on me dit que l'IA c'est génial ou que mettre le RN au pouvoir le décrédibilisera une fois pour toute, sauf que cette décision d'utiliser une IA/de voter RN ou de s'abstenir met la vie de gens vulnérables encore plus en danger, c'est tellement cynique. Déso pour ce long message, j'ai du mal à trouver les mots pour être concise sur ce sujet...
"Pour moi, c’est un danger immédiat. Palpable. Physique. Une peur au creux du ventre."
Ici, aux États-Unis, nous avons la même crainte à l’égard de Trump. C'est très effrayant. Il est fou and dangereux!